L’économie circulaire version mahoraise - moins de déchets, plus de valeur.
- nellymarot
- 12 août
- 4 min de lecture
Les déchets, nouvelle richesse mahoraise ?
À Mayotte, les habitants vivent dans une colocation désorganisée avec les déchets ! 😅: encombrants qui squattent le bord des routes, sacs éventrés qui voyagent au gré du vent, gravats en attente d’une nouvelle vie.
Au cœur de ce chaos bien trop visible, des graines d’innovation circulaire poussent discrètement. Valoriser, réutiliser, réparer, transformer : et si notre insularité, vécue pour la plupart comme un handicap, devenait une opportunité de créer une économie circulaire proche de nos réalités ? Une économie qui nous ressemble et qui transforme chaque geste en levier de valeur.
De la poubelle au projet de territoire : comprendre l’économie circulaire, c’est comprendre comment reprendre la main sur notre développement.
De la poubelle au projet de territoire : comprendre l’économie circulaire
L’économie linéaire, c’est je prends, je consomme, je jette. L’économie circulaire, c’est je réduis, je réutilise, je transforme, je recrée de la valeur.
Sur un département français comme Mayotte – isolé, jeune, en pleine mutation démographique – continuer à importer, consommer, jeter, positionne Mayotte sur le fil du rasoir.
À Mayotte, continuer à importer massivement et enfouir nos déchets, envoi un message : GASPILLAGE ! ... comme dirait ma matriarche "mar'ké voi" (traduction : "jeter l'argent par la fenêtre"😉).
Chaque tonne de déchets enfouis est une tonne de valeur perdue. Chaque ballot de matières recyclables expédié vers La Réunion ou l'Hexagone raconte la même histoire : Mayotte peine à créer de la richesse à partir de ses propres ressources.
État des lieux : une île saturée… et un paradoxe
(Sources : DEAL Mayotte, ADEME, Plan de prévention et de gestion des déchets)
+160 000 tonnes/an de déchets produits :
50 % ménagers, majoritairement non triés
20 % issus du BTP
10 % encombrants et équipements électriques
5 % textiles usagés
Filières de valorisation embryonnaires : traitement local limité, export massif des matières recyclables.
Acteurs locaux sous-appuyés : coopératives et artisans manquent de financement et d’accompagnement.
Jeunesse en demande : envie d’entreprendre, mais absence de cadre structuré et de débouchés.
Les freins à lever pour enclencher la boucle vertueuse
1. Un système de gestion des déchets en sous-capacité
Les centres de tri sont peu nombreux, souvent débordés, et ne permettent pas un traitement local efficace.
Résultat : tout ce qui n’est pas exporté finit en décharge… ou dans le lagon.
2. Des acteurs locaux encore trop confidentiels
Les petites structures qui innovent – artisanes de l’up-cycling, récupérateurs de métaux, coopératives féminines de valorisation textile – restent encore trop méconnues. Leur impact est réel, mais presqu'invisible.
3. Un déficit de reconnaissance des métiers de la “seconde vie”
Collecteurs, trieurs, réparateurs : ces métiers sont essentiels à la transition, mais encore trop souvent assimilés à la débrouille ou au système D.
4. Une absence d’indicateurs fiables et de suivi QSE
Sans outils pour mesurer les impacts (sociaux, environnementaux, économiques), difficile de structurer des projets à fortes valeurs et attractifs pour les financeurs.
Les graines d’une économie circulaire à la mahoraise
Sur la voie des initiatives, des voix sont en approche :
Kanyahazi & Co – l’upcycling couture
À Sada, un collectif de femmes transforme des tissus usagés en sacs et vêtements uniques. Moins d’importations, plus de revenus locaux, et une fierté retrouvée.
SUHA : quand l’économie circulaire séduit la santé des femmes
SUHA, c’est l’histoire d’une jeune entrepreneuse mahoraise, Raïnati YOUSSOUF, qui a décidé de briser deux tabous :
Celui des déchets liés aux protections hygiéniques jetables, qui représentent un volume considérable chaque année.
Celui de la précarité menstruelle, qui touche de nombreuses femmes sur l’île.
Son idée : fabriquer localement des protections hygiéniques lavables et réutilisables, en coton bio et tissus recyclés, cousues par des couturières formées à l’upcycling.
Résultat :
Moins de déchets,
Un produit plus abordable sur le long terme.
Des emplois créés pour la confection et la distribution.
SUHA illustre parfaitement la force d’une économie circulaire qui est à la fois environnementale, économique et sociale.
Briques recyclées et low-tech BTP
Des artisans compressent les gravats pour fabriquer des matériaux de construction. Moins de déchets, plus d’autonomie.
Écoles “recyclo-éducatives”
Des classes utilisent bouteilles et cartons pour construire et sensibiliser. Chaque projet est une graine de changement culturel.
De belles initiatives pour forger un label made in Mayotte : à vos cerveaux, trouvez-lui un nom ! 😉😁
Structurer l’écosystème : la RSE et le QSE comme catalyseurs
L’économie circulaire ne peut pas reposer uniquement sur la bonne volonté des citoyens ou sur l’énergie des associations. Il faut professionnaliser les filières, mettre en place des indicateurs, structurer les partenariats.
Pour répondre aux exigences environnementales, économiques, et sociales des bailleurs (AFD, la Banque des Territoires, l’Europe...), il faut une gouvernance, un pilotage, un référentiel ; et un narratif positif qui affirme notre fierté mahoraise, nos compétences, et une projection. Les démarches QSE-RSE sont des outils solides pour y répondre.
La RSE, appliquée à Mayotte, c’est :
Légitimer et intégrer les filières informelles.
Définir des objectifs clairs et mesurables.
Faciliter l’accès aux financements.
Le QSE, c’est :
Sécuriser les conditions de travail.
Garantir la qualité et la traçabilité.
Réduire les risques sanitaires et environnementaux.
💡 Imaginez une structure labellisée “Made in Mayotte”, conforme aux normes QSE, qui transforme les déchets textiles - et bien plus encore - pour en faire des produits touristiques, uniformes, ou articles du quotidien ! Ce n’est pas une utopie : c’est un choix stratégique.
Propositions stratégiques :
Créer un Observatoire QSE de l’économie circulaire.
Lancer un label territorial pour valoriser les produits “seconde vie”.
Intégrer des clauses circulaires dans les marchés publics.
Accompagner les TPE dans un parcours de structuration QSE.
En conclusion : une économie circulaire… circulairement en éveil.
Mayotte peut devenir un exemple en matière d'économie circulaire insulaire. Cela suppose de changer de regard pour voir dans nos déchets une ressource et dans notre insularité un atout : voilà le vrai défi.
Parce que oui :
🌿 Un petit geste pour une grande île… et une économie circulaire qui trace sa propre trajectoire !
Safety Crafters Solutions
"Chaque jour, chaque action, chacun de nous fait la différence."
RSE : Responsabilité Sociétale des Entreprises
QSE : Qualité, Santé-Sécurité, Environnement
AFD : Agence Française de Développement finance et accompagne des projets qui contribuent à la transition écologique, au développement économique, et réduction des inégalités.
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